
Judith Godrèche dit son incompréhension après sa mise en examen pour diffamation envers Jacques Doillon

La comédienne Judith Godrèche, fer de lance de MeToo en France, a fait part mercredi sur Instagram de son incompréhension après sa mise en examen pour diffamation envers le cinéaste Jacques Doillon, qu'elle accuse de viol quand elle avait 15 ans.
En matière de diffamation, la mise en examen de la personne visée par une plainte est automatique et ne résulte pas, comme dans une procédure pénale classique, d'une enquête ayant mis au jour des "indices graves et concordants".
Annonçant sa mise en examen sur Instagram, la comédienne de 53 ans a mis en parallèle la plainte qu'elle a déposée pour viol début 2024 et la procédure qui la vise pour avoir écrit sur Instagram que M. Doillon avait pour spécialité de tourner avec des enfants "avec qui il couche".
"D'un côté, ma plainte contre lui se heurte à la prescription. De l'autre, pour sa plainte contre moi, la justice ne perd pas de temps", affirme-t-elle sur Instagram, avant de lancer: "A votre avis, ça encouragera les victimes à dénoncer les violences qu'elles ont subies, ou ça les dissuadera?".
Après la plainte de Mme Godrèche, suivie par celles de trois autres personnes, une enquête avait été ouverte et Jacques Doillon avait été placé fin 2024 sous le statut intermédiaire de témoin assisté. Le cinéaste de 81 ans, figure du cinéma d'auteur, conteste les faits.
Sur Instagram, Judith Godrèche dit toutefois attendre avec impatience le procès en diffamation, qui aura lieu sauf désistement de M. Doillon. "J'ai hâte de venir expliquer la vérité de son comportement", écrit-elle.
Le recours à des plaintes pour diffamation dans des dossiers de violences sexuelles a déjà été dénoncé par des plaignantes comme un moyen "d'intimidation".
Le 6 septembre, un collectif de journalistes s'est ému de la mise en examen de la journaliste sportive Marie Portolano à la suite d'une plainte pour diffamation déposée par le chroniqueur Pierre Ménès, après la parution d'un livre où elle relatait une agression sexuelle sur le plateau de Canal+ en 2016.
Selon le collectif, la plainte en diffamation provoque "une inversion de la charge victimaire: au lieu d'entendre la parole d'une femme qui dénonce des violences patriarcales, c'est elle qui se trouve en position d'être attaquée en justice".
F.T. Michaud--SMC