
En Arabie saoudite, le couple Ronaldo-Georgina symbole d'une ouverture à deux vitesses

Le couple Cristiano Ronaldo et Georgina Rodriguez, qui vient de se fiancer, témoigne d'une ouverture à deux vitesses en Arabie saoudite, où la cohabitation hors mariage, tolérée pour les étrangers reste inconcevable pour la grande majorité des Saoudiens.
La loi dans ce pays conservateur qui abrite le premiers lieux saints de l'islam interdit formellement les relations extraconjugales, mais son application s'est assouplie ces dernières années, notent des experts.
Les couples étrangers peuvent désormais vivre ensemble ou séjourner à l'hôtel sans être mariés et les jeunes Saoudiens des grandes villes se retrouvent librement dans des lieux publics mixtes après des décennies de stricte séparation des sexes.
En janvier 2023, l'arrivée de Ronaldo, qui joue au club Al-Nassr, et Georgina, mère de deux de ses enfants, avait levé un vent d'indignation sur les réseaux sociaux, et l'annonce de leurs fiançailles, début août, a relancé le débat sur leur vie en concubinage.
D'autant que le duo s'exhibe à grand renfort de luxe ostentatoire et poses glamour sur Instagram, où, avec ses 663 millions d'abonnés, le quintuple ballon d'or portugais est la personnalité la plus suivie au monde, ou sur Netflix où l'Espagnole Georgina Rodriguez tient la vedette de la téléréalité "Je suis Georgina".
"Comment la terre des deux saintes mosquées a pu accepter cette impureté pendant deux ans", fustige ainsi un internaute, Raad Mohammed, sur X.
Mais ce type de commentaires a vite été noyé sous une avalanche de félicitations, tandis que les médias saoudiens ferment les yeux.
- "Pragmatisme" -
Car les temps ont changé: 70% des Saoudiens ont moins de 35 ans, et le pays est en train de vivre "une transformation sociale", selon Sebastian Sons du think tank allemand CARPO.
"Si des règles conservatrices demeurent, elles sont aujourd'hui appliquées avec plus de souplesse et pragmatisme", explique-t-il à l'AFP.
La riche monarchie pétrolière du Golfe, longtemps réputée pour son application d'une version rigoriste de l'islam, a ainsi mis à l'écart en 2016 sa très redoutée police religieuse.
L'assouplissement des règles permet depuis 2019 aux jeunes Saoudiens de se fréquenter en couple dans des cafés et restaurants, autrefois contraints de disposer d'entrées distinctes pour hommes seuls et familles.
Mais le concubinage demeure tabou pour la plupart des Saoudiens, à l'exception de quelques couples aisés qui partagent discrètement un logement dans des complexes résidentiels coûteux.
Sous l'impulsion du prince héritier et dirigeant de facto du royaume, Mohammed ben Salmane, le plan de réformes Vision 2030 ambitionne d'ouvrir le pays et diversifier son économie largement dépendante du pétrole.
Les touristes non musulmans y sont désormais autorisés. Et les femmes peuvent maintenant légalement conduire et voyager seules, même si le système de tutelle, qui les oblige à obtenir l'autorisation de parents masculins pour de nombreuses démarches, reste en vigueur.
- "Ambassadeur idéal" -
Au côté de stations balnéaires luxueuses, des quartiers dédiés au divertissement ont vu le jour dans le royaume, tandis que les pétrodollars saoudiens attirent un flux constant de stars internationales et d'événements sportifs.
Ronaldo est au coeur de cette stratégie.
Depuis son arrivée en grande pompe en Arabie saoudite, une flopée de joueurs de renom l'a rejoint dans la Saudi Pro League, et le royaume s'est vu attribuer l'organisation de la Coupe du monde 2034.
"Cristiano Ronaldo a acquis une place prépondérante dans le football saoudien, où il est perçu à la fois comme un modèle et comme un ambassadeur idéal pour l'ambitieux projet du gouvernement visant à inscrire l'Arabie saoudite sur la carte mondiale du football", relève M. Sons.
Malgré certains écarts de Ronaldo et le fait qu'Al-Nassr n'a pas gagné la Saudi pro League depuis son arrivée, la star portugaise a prolongé son contrat avec le club saoudien jusqu'en 2027.
En 2024, il a été suspendu pour s'être attrapé l'entrejambe en direction du public qui scandait le nom de son grand rival, Lionel Messi.
M.Johnston--SMC