
Microsoft annonce héberger Grok, le modèle d'intelligence artificielle de Musk

Microsoft a annoncé lundi ajouter Grok, la famille de modèles d'intelligence artificielle (IA) générative d'Elon Musk, à Azure, sa plateforme de "cloud" (informatique dématérialisée) pour les développeurs, après une nouvelle polémique autour du service de l'homme d'affaires d'origine sud-africaine.
Grok a provoqué la stupeur la semaine dernière en évoquant un "génocide blanc" en Afrique du Sud, une erreur imputée à une "modification non autorisée" par xAI, l'entreprise qui développe ce modèle et détient aussi le réseau social X.
"Nous aspirons à la vérité", a déclaré Elon Musk lors d'un bref entretien avec Satya Nadella, le patron de Microsoft, diffusé lundi pendant la conférence annuelle du géant de l'informatique.
"Il y aura toujours des erreurs qui seront commises, mais nous visons à atteindre la vérité, en minimisant le nombre d'erreurs au fil du temps. Et je pense que c'est extrêmement important pour la sécurité de l'IA", a-t-il continué.
L'ajout surprise de Grok aux nombreux autres modèles d'IA générative disponible sur Azure ne sera certainement pas bienvenu pour OpenAI, partenaire essentiel de Microsoft dans cette technologie.
OpenAI a lancé la vague de l'IA générative avec ChatGPT fin 2022, et reste la star du secteur, notamment grâce aux milliards de dollars investis par Microsoft dans la start-up.
Mais Elon Musk n'a pas cessé d'attaquer OpenAI sur X et dans les tribunaux, l'accusant d'avoir trahi sa mission d'intérêt public. Il était l'un des cofondateurs de l'entreprise en 2015, mais était parti trois ans après suite à des désaccords fondamentaux.
- Ingénieur IA -
Sam Altman, le patron d'OpenAI, a également fait une apparition à la conférence de Microsoft, lors d'un échange en direct avec Satya Nadella pour mettre en avant les dernières innovations.
Les modèles Grok seront disponibles sur Azure AI Foundry, une plateforme qui met des centaines de modèles à la disposition des développeurs abonnés au service, y compris ceux de DeepSeek, Mistral ou Meta.
Sur scène, Satya Nadella a insisté sur l'importance que Foundry propose beaucoup de "choix".
"En tant que développeurs, nous nous intéressons à de multiples dimensions, le coût, la fiabilité, la latence, ainsi que la qualité", a-t-il énuméré. "Et Azure OpenAI est le meilleur de sa catégorie, nous offrons des garanties telles qu'une grande fiabilité et d'excellents contrôles des coûts".
"Et aujourd'hui, nous sommes ravis d'annoncer que Grok de xAI arrive sur Azure", a-t-il continué.
Microsoft a aussi présenté un agent IA pour les ingénieurs, capable de coder à la demande et disponible sur GitHub, son service d'hébergement de développement de logiciels.
Le nouveau "Copilot" (nom des assistants IA de Microsoft) code de façon autonome, prévient quand il a fini et apparaît comme un programmeur parmi d'autres au sein de l'équipe sur la plateforme.
Les assistants IA capables de coder ne sont pas nouveaux, mais les géants de la tech promettent depuis quelques mois des "ingénieurs IA" plus autonomes et performants.
Beaucoup d'observateurs et de critiques de la Silicon Valley, craignent qu'ils n'entraînent des pertes d'emploi majeures.
Microsoft vient de procéder à une nouvelle vague de licenciements. Une source proche du dossier a indiqué que ce plan social portait sur "moins de 3%" des effectifs du groupe, soit environ 6.000 personnes.
- "Modification non autorisée" -
Les modèles d'IA générative sont souvent préprogrammés par les ingénieurs pour donner ou éviter des contenus spécifiques ou répondre suivant un certain ton. Ceux de Grok mettent notamment l'accent sur l'humour.
Récemment, le dernier modèle d'OpenAI a été jugé trop flagorneur par des utilisateurs, et l'entreprise a rapidement annoncé qu'elle apporterait des modifications pour corriger le tir.
Selon des captures d'écran, la semaine dernière, Grok a évoqué un "génocide blanc" en Afrique du Sud en réponse à des questions sans aucun rapport, reprenant la propagande d'extrême droite à propos d'une prétendue oppression des Sud-Africains blancs.
A un utilisateur lui demandant pourquoi il semblait obsédé par ce sujet, le chatbot a répondu candidement que ses "créateurs chez xAI lui avaient ordonné de s'emparer" de ce thème.
Elon Musk, lui-même né en Afrique du Sud, a accusé par le passé les dirigeants du pays "d'encourager ouvertement le génocide de personnes blanches en Afrique du Sud".
Dans un communiqué, xAI a indiqué qu'une "modification non autorisée" de Grok l'avait conduit à fournir des réponses qui "violaient les politiques internes et les valeurs fondamentales de xAI".
A.Gagnon--SMC