
Après une mobilisation "réussie", Lecornu va de nouveau recevoir les syndicats

Désireux de "poursuivre le dialogue", le Premier ministre Sébastien Lecornu a indiqué jeudi qu'il recevrait "à nouveau les forces syndicales", après une journée de mobilisation qui a réuni de "500.000" à "plus d'un million" de personnes, selon les sources.
Le chef du gouvernement a également assuré que les "revendications" des manifestants pour plus de justice sociale et fiscale étaient "au coeur des consultations" qu'il avait engagées avec les forces politiques et syndicales.
Il s'exprimait dans une "déclaration" publiée par ses services au terme d'une journée de manifestations considérée comme une "grande réussite" par les syndicats.
Si la CGT a décompté "plus d'un million de personnes" dans toute la France, les autorités ont, elles, estimé à "plus de 500.000" le nombre de manifestants, dont "55.000" à Paris, contre "près de 200.000" la semaine dernière pour le mouvement "Bloquons tout".
"La France n'a pas été bloquée", s'est félicité jeudi soir le ministre de l'Intérieur démissionnaire Bruno Retailleau, qui a annoncé 309 interpellations et 134 gardes à vue à la suite des manifestations.
Du monde éducatif aux transports, plusieurs secteurs ont été touchés.
Selon le ministère, 23 lycées ont été complètement bloqués et des blocages filtrants ont été mis en place devant 52 autres établissements.
Les agents de la fonction publique d'Etat étaient au total 10,95% sur 2,5 millions d'agents à faire grève, principalement dans l'Education nationale.
Selon le syndicat L'Union étudiante, "110.000 jeunes" étaient mobilisés avec "14 facs bloquées".
Dans les transports, le trafic était fortement perturbé, conformément aux prévisions.
EDF a aussi fait état de quelque 4.000 MW de baisses de charge dans ses centrales de production d'électricité liées à la grève, soit l'équivalent de quatre réacteurs nucléaires.
Les pharmaciens se sont eux aussi mobilisés pour dénoncer la réduction des remises commerciales sur les médicaments génériques. Selon le syndicat de pharmaciens FSPF, environ 18.000 pharmacies sont restées fermées sur 20.000.
- "Ultimatum" -
Les huit organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires) décideront vendredi des suites du mouvement. Une réunion se tiendra à partir de 08H00 au siège de la CGT.
La mobilisation unitaire "envoie un avertissement clair au gouvernement: la colère sociale se renforce", prévient la CGT dans un communiqué.
"On veut un budget de justice fiscale, sociale et écologique", a martelé sur RTL Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, estimant que "la balle est dans le camp du Premier ministre".
"Coupes dans le service public, énième réforme de l'assurance chômage, gel des prestations sociales, désindexation des pensions de retraites"... Pour les organisations syndicales, les mesures avancées cet été restent d'actualité.
L'abandon par Sébastien Lecornu de la très controversée suppression de deux jours fériés n'a pas suffi à démobiliser les manifestants.
- "Pas de dettes, moi" -
De Marseille à Lille, en passant par Toulouse, Perpignan, Limoges ou Orléans, ils ont exprimé partout leur ras-le-bol face aux difficultés économiques.
Dans le cortège parisien, Hervé Renard, délégué syndical CFTC de 57 ans, a expliqué: "On demande encore aux ouvriers de faire des efforts. J'ai pas de dettes, moi. La dette de l'Etat c'est lui qui l'a faite, pas moi", a taclé l'ouvrier du BTP.
"On se fait marcher dessus depuis des années, les politiques fiscales favorisent les riches et les ultrariches au détriment des autres. Les pauvres crèvent la dalle", s'est exclamé Olivier Balosso, venu avec ses deux enfants.
Quelques incidents ont émaillé les cortèges, dont un à Marseille filmé par l'AFP avant la manifestation. La vidéo, largement partagée sur les réseaux, montre notamment un policier donner un coup de pied à une manifestante au sol, lui lançant : "Casse-toi", avant qu'un autre la pousse.
Interrogée, la préfecture de police locale a précisé que 200 manifestants "hostiles" avec du matériel se trouvaient près du centre commercial des Terrasses du port. "Au regard de cette vidéo rien ne contrevient à la doctrine du maintien de l’ordre", selon une source policière.
A Rennes, où quelques incidents ont été constatés, "un gendarme mobile a été blessé à la main à l'occasion de l'interpellation d'un black bloc", a précisé la gendarmerie à l'AFP.
A Lyon, un journaliste de France TV et deux policiers ont été blessés lors de heurts entre forces de l'ordre et un groupe de jeunes masqués, en tête de la manifestation.
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K.Morrison--SMC