Produits chinois à bas prix: les petits colis venus de l'étranger bientôt taxés dans l'UE
Une étape majeure contre le déferlement en Europe de produits chinois à bas prix: les ministres des Finances ont approuvé jeudi la suppression de l'exonération de droits de douane sur les petits colis importés dans l'Union européenne, qui pourrait entrer en vigueur dès le premier trimestre 2026.
Cette exonération concerne les colis d'une valeur inférieure à 150 euros. Sa suppression avait été proposée en février par la Commission européenne et elle devait initialement entrer en vigueur à la mi-2028, en s'alignant sur la réforme de l'union douanière, un vaste projet d'harmonisation et de partage de données entre Etats membres.
Mais les Etats, en particulier la France, et la Commission veulent aller beaucoup plus vite et mettre en application cette mesure le plus vite possible, dès le premier trimestre 2026. Pour ce faire, il faudra établir un système transitoire qui devrait être adopté lors de la prochaine réunion des ministres, le 12 décembre.
Cette mesure, prise dans un contexte de tensions commerciales mondiales, vise à lutter contre l'afflux de produits chinois commandés sur des plateformes comme Temu ou Shein ne respectant pas les normes européennes, au grand dam des producteurs et commerçants européens qui dénoncent une concurrence déloyale.
- 145 colis par seconde -
En outre, la masse de paquets à contrôler est telle que les services douaniers se retrouvent souvent débordés et dans l'incapacité de vérifier la conformité des produits.
Les statistiques concernant ces produits sont vertigineuses: quelque 4,6 milliards d'envois d'une valeur inférieure à 150 euros sont entrés sur le marché européen en 2024, soit plus de 145 chaque seconde. Sur ce total, 91% provenaient de Chine.
La France, actuellement en plein bras de fer avec la plateforme Shein qu'elle veut suspendre en raison de la vente de produits illégaux - des poupées sexuelles d'apparence enfantine et des armes de catégorie A - s'est réjouie de cette décision qu'elle défendait ardemment.
"La France a pris l'initiative de réagir au phénomène des petits colis. Cela a payé aujourd'hui", s'est réjoui le ministre français de l'Economie Roland Lescure, dans une déclaration à l'AFP.
"C'est une étape clef pour la protection des consommateurs européens et du marché intérieur en luttant plus efficacement contre les produits dangereux et non conformes à nos règlementations européennes. Nous avons franchi un grand pas pour la souveraineté économique de l'Union européenne", a-t-il ajouté.
La taxation des petits colis devrait en outre s'accompagner de l'instauration de frais de traitement sur ces mêmes envois à leur entrée dans l'UE. Leur montant n'a pas été encore fixé, mais Bruxelles a proposé en mai deux euros par paquet.
L'UE espère pouvoir appliquer ces frais de traitement, qui aideront à financer les contrôles, à partir de la fin 2026.
P.M.Martin--SMC