Un attentat antisémite par un père et son fils fait 15 morts sur une plage de Sydney
Un père et son fils ont ouvert le feu dimanche soir sur la foule qui célébrait la fête juive de Hanouka sur une plage mythique de Sydney, faisant 15 morts, dont une fillette, et plus de 40 blessés, dans un attentat qualifié de "terroriste" et d'"antisémite" par l'Australie qui a décrété lundi un deuil national.
Sur cette plage de Bondi prisée par des Australiens et des touristes du monde entier, des effets personnels étaient encore sur le sable taché de sang, après une tuerie de dix minutes qui provoque une onde de choc dans cet immense pays d'Océanie et à l'étranger.
"Ce que nous avons vu hier était un acte purement maléfique, antisémite et terroriste sur nos rives", a lancé lundi le Premier ministre Anthony Albanese en déposant une gerbe des fleurs sur ce lieu baigné par le Pacifique.
L'Australie, qui n'avait pas été frappée par une telle tuerie depuis 1996, a mis tous ses drapeaux en berne, a annoncé M. Albanese, en proposant aussi une législation encore plus stricte sur les armes à feu.
Dès dimanche soir, il avait dénoncé "une attaque ciblée contre les juifs australiens, au premier jour de Hanouka", la fête juive dite des "lumières" qui se tient durant neuf jours en décembre. Et il avait jugé que l'attentat visait "tous les Australiens".
Le chef de la police locale, Mal Lanyon, a précisé que ses enquêteurs avaient "découvert un engin explosif artisanal dans une voiture liée au criminel décédé", l'un des deux tireurs abattu par la police.
- "Dix minutes" -
L'attentat a meurtri dimanche vers 18H45 (07H45 GMT) l'immense plage de Bondi, la plus connue d'Australie et à l'international, envahie par des milliers de promeneurs, nageurs et surfeurs en ce début d'été austral.
"Nous avons entendu les coups de feu (...) Dix minutes de détonations incessantes", a déclaré à l'AFP Camilo Diaz, étudiant chilien de 25 ans.
Timothy Brant-Coles, touriste britannique, a confié à l'AFP avoir vu "deux tireurs vêtus de noir et armés de fusils semi-automatiques".
"C'est allé très vite", a confié aussi à l'AFP un Français de 23 ans, Alban Baton, qui s'est réfugié dans la chambre froide d'une épicerie.
Les assaillants étaient un père, qui avait un permis pour le port de six armes, et son fils, selon la police de l'État de Nouvelle-Galles-du-Sud, dont Sydney est la capitale.
Le premier, Sajid Akram, 50 ans, a été abattu par des policiers, le second, Naveed Akram, 24 ans, est blessé et hospitalisé dans un état critique, selon la presse australienne.
Sur la colline verdoyante surplombant la plage, un journaliste de l'AFP a vu une poussette d'enfant, des sacs et des serviettes laissés par les gens qui ont couru se mettre à l'abri.
- "Héros" -
À la tombée de la nuit de dimanche à lundi, la plage et les alentours d'habitude très animés avaient été évacués et bouclés.
M. Albanese, mais aussi le président américain Donald Trump, ont salué les "héros" qui sont intervenus.
Une vidéo qui s'est propagée sur les réseaux sociaux montre un passant sur un parking se précipiter par derrière sur un assaillant, l'agripper et lui arracher son arme avant de le mettre en joue et de le faire fuir.
Des dirigeants de la planète ont condamné avec force un attentat qui a tué 15 personnes âgées de dix ans pour une fillette, à 87 ans.
Les condamnations internationales ont afflué.
Donald Trump a fustigé un attentat "purement antisémite".
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a assuré que "l"Europe se tenait aux côtés de l'Australie et des communautés juives partout dans le monde".
Son Premier ministre Benjamin Netanyahu, qui ne cesse de dénoncer la résurgence de l'antisémitisme dans le monde depuis le massacre du 7 octobre 2023 et la guerre dans la bande de Gaza, a fustigé un "cancer qui se propage lorsque les dirigeants restent silencieux et n'agissent pas".
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron ont fait part de leur solidarité, alors qu'un Français compte parmi les morts.
L'une des victimes tuées est le rabbin Eli Schlanger, 41 ans, né à Londres et père de cinq enfants.
Le Conseil national des imams australien a condamné cette "attaque traumatisante" et appelé "tous les Australiens, y compris la communauté musulmane australienne, à se serrer les coudes dans l'unité, la compassion et la solidarité".
Une série d'attaques antisémites a semé la peur chez les juifs d'Australie depuis plus de deux ans et Canberra a accusé Téhéran d'être à l'origine de deux de ces actes et a expulsé il y a quatre mois l'ambassadeur iranien.
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X.Baker--SMC