
Nul en maths ? La neurostimulation peut vous aider, affirme une étude

Vous ne comprenez rien aux mathématiques ? Une stimulation électrique de votre cerveau pourrait y remédier, avance mardi une équipe de scientifiques internationaux dont les conclusions éclairent les liens entre l'activité cérébrale et les processus d'apprentissage.
Alors que les disparités de maîtrise des mathématiques sont bien connues et contribuent au creusement des inégalités sociales, une étude publiée dans la revue américaine PLOS Biology met en exergue un potentiel moyen de les corriger.
"Les gens ont des cerveaux différents, et leurs cerveaux contrôlent une grande partie de leur vie", insiste auprès de l'AFP Roi Cohen Kadosh, spécialiste en neurobiologie et sciences cognitives à l'université britannique de Surrey et principal auteur de l'étude.
"Nous pensons tout le temps à l'environnement. Nous nous demandons souvent si nous allons à la bonne école, si nous avons le bon professeur. Mais c'est aussi notre biologie. Certaines personnes ont des difficultés et si nous pouvons aider leur cerveau à atteindre son plein potentiel, alors nous leur ouvrirons de nombreuses portes qui leur seraient autrement fermées", abonde-t-il.
- Stimulation électrique -
De précédentes études avaient montré l'implication de certaines activités neuronales et zones cérébrales, dont les cortex préfrontal dorsolatéral et pariétal postérieur, dans les processus d'acquisition de connaissances et d'apprentissage.
Les chercheurs ont donc décidé d'étudier l'activité de ces deux zones, impliquées notamment dans la résolution de problèmes et la mémoire, chez des étudiants aux différents niveaux en mathématiques.
Après avoir découvert qu'ils pouvaient prédire sur cette base leurs performances en calcul mental, ils ont donc cherché à les améliorer via une technologie prometteuse dite de stimulation transcrânienne par bruit aléatoire (tRNS). Autrement dit: des électrodes placées sur le pourtour de la tête et émettant des stimulations électriques indolores.
Leur expérimentation, à laquelle ont pris part plus de 70 étudiants, a mis en évidence une amélioration de 25 à 29% des performances chez les étudiants les moins bons, explique le professeur Cohen Kadosh.
"Il n'a pas été possible d'améliorer ceux qui étaient vraiment forts, mais ceux qui étaient dans la moyenne ou au-dessus de la moyenne, donc pas extrêmement bons en maths, nous avons pu améliorer leurs capacités", résume-t-il.
- Coup de pouce -
Des résultats très encourageants qu'il espère désormais confirmer par de futurs tests sur d'autres publics et étendre à d'autres champs éducatifs, comme celui de l'apprentissage d'une langue étrangère.
Avec pour objectif à terme que des appareils de neurostimulation puissent être proposés aux publics rencontrant des difficultés d'apprentissage.
"L'objectif n'est pas de créer quelque chose que les gens doivent utiliser toute leur vie", précise Roi Cohen Kadosh. Mais plutôt de proposer un coup de pouce. "Et à partir de là, ils pourront progresser par eux-mêmes".
Toutefois, il faudra pour ce faire que ces dispositifs soient accessibles à tous, sous peine de ne faire que renforcer les inégalités socio-économiques, avertit le chercheur.
Les mathématiques jouent en effet un rôle sociétal et économique important, et le niveau actuel des jeunes n'est pas au rendez-vous.
Selon une étude de l'OCDE datant de 2016, environ un quart des adultes vivant dans des pays développés comme les Etats-Unis, la France et l'Allemagne ont un niveau de mathématiques équivalent ou inférieur à celui attendu chez les enfants de 6 et 7 ans. Et la France fait figure de plus mauvaise élève à l'échelle du continent européen.
Y.Walker--SMC