
Ukraine: Washington attend que Moscou présente rapidement ses conditions

Le chef de la diplomatie américaine Marco Rubio a dit mardi s'attendre à ce que la Russie présente "dans quelques jours" ses termes en vue d'un cessez-le-feu en Ukraine, alors que le président ukrainien Volodymyr Zelensky accuse Moscou de "gagner du temps".
"A un moment donné, assez rapidement, peut-être dans quelques jours, peut-être cette semaine, la partie russe va présenter les termes qu'elle souhaiterait voir" pour avancer vers un cessez-le-feu, a déclaré le secrétaire d'Etat devant une commission sénatoriale.
Il a précisé que ce calendrier découlait de l'appel téléphonique lundi du président Donald Trump avec son homologue russe Vladimir Poutine.
Les Russes offriront "des conditions générales qui nous permettraient d'avancer vers un cessez-le-feu" qui "permettrait ensuite d'entamer des négociations détaillées pour mettre fin au conflit", a ajouté M. Rubio.
"Nous espérons que cela se produira. Nous pensons que la feuille de route que les Russes produiront nous en dira long sur leurs véritables intentions", a-t-il ajouté.
Volodymyr Zelensky a lui regretté mardi que "la Russie tente de gagner du temps afin de poursuivre sa guerre et son occupation", trois ans après l'invasion de son pays par l'armée russe qui a fait des dizaines de milliers de morts de part et d'autre.
L'entretien téléphonique entre les dirigeants russe et américain, trois jours après les premiers pourparlers russo-ukrainiens depuis 2022, n'a pas abouti à l'annonce d'un cessez-le-feu, pourtant réclamé par Kiev et les Européens.
Malgré l'absence d'avancée majeure, Donald Trump, qui pousse la Russie et l'Ukraine à faire taire les armes, a assuré que les deux belligérants allaient "démarrer immédiatement des négociations en vue" d'une trêve.
- "Rien n'a bougé" -
Devant une autre commission du Sénat, le chef de la diplomatie américaine avait assuré plus tôt mardi que son pays n'a pas fait "la moindre concession" à Moscou.
Selon lui, le président Trump a fait le choix de ne pas "menacer de sanctions" les Russes car ils "cesseront de parler, et il est utile que nous puissions leur parler et les pousser à s'asseoir à la table des négociations".
A Kiev, des habitants interrogés par l'AFP disaient leur déception. "Rien n'a bougé", se désole ainsi Vitali, un ingénieur de 53 ans.
Catégorique, Daryna, une étudiante de 21 ans, pense elle qu'"il est inutile de discuter avec l'agresseur", tandis que Victoria, une enseignante retraitée, confie ne plus avoir "du tout" confiance en Donald Trump, plaçant "ses espoirs" dans les dirigeants européens.
Sur les réseaux sociaux, Volodymyr Zelensky a une nouvelle fois appelé à "un cessez-le-feu" et à "une diplomatie honnête", à l'issue d'un appel avec la Première ministre italienne Giorgia Meloni.
Les principales capitales européennes, fidèles soutiens de Kiev, menacent ainsi la Russie de sanctions "massives" faute de cessez-le-feu.
Les Européens ont d'ailleurs adopté formellement mardi un 17e paquet de sanctions et attendent "une réaction forte" de Washington si Moscou campe sur ses positions.
- "Mémorandum" -
Dans ce qui ressemble à ce stade à une impasse diplomatique, Donald Trump a malgré tout assuré "que des progrès ont été accomplis" lundi.
Le ton de Vladimir Poutine était toutefois plus prudent, qualifiant la conversation d'"utile" et estimant que les discussions avec l'Ukraine allaient "dans la bonne voie".
A la presse, il a affirmé que la Russie était prête à travailler avec l'Ukraine sur un "mémorandum", étape préalable avant un "possible traité de paix".
Mais Volodymyr Zelensky a dit lundi soir "ne rien savoir" sur une telle feuille de route diplomatique.
Depuis qu'il a ordonné à son armée d'envahir l'Ukraine en février 2022, Vladimir Poutine maintient des exigences maximalistes, notamment que l'Ukraine renonce à rejoindre l'Otan et qu'elle abandonne quatre de ses régions partiellement contrôlées par la Russie, en plus de la Crimée annexée en 2014.
L'Ukraine rejette, elle, fermement ces exigences et demande que l'armée russe, qui occupe près de 20% de son territoire, s'en retire. Ce dont Moscou n'a pas l'intention.
A l'avantage sur le front, les forces russes ont revendiqué ces derniers jours une poussée dans la région de Donetsk (est), épicentre des combats.
P.M.Martin--SMC