
Trump menace de nouveau l'UE avec des droits de douane

Donald Trump a de nouveau brandi vendredi la menace de droits de douane punitifs contre l'UE, entraînant des réponses hostiles côté européen et une réaction négative des marchés après plusieurs semaines d'accalmie sur le front de ses guerres commerciales.
Le président américain a "recommandé d'imposer 50% de droits de douane sur l'UE, à compter du 1er juin", jugeant dans un message sur son réseau Truth Social que les négociations commerciales en cours avec l'Union européenne n'allaient "nulle part".
Dans un autre message, il a ciblé pour la première fois une entreprise américaine, l'une des plus grosses capitalisations mondiales, Apple. Il menace le géant de l'électronique de lui infliger "au moins 25%" de surtaxe s'il ne fabrique pas ses iPhone aux Etats-Unis.
Ces annonces ont immédiatement tiré des bourses européennes vers le bas, Paris clôturant à -1,65% -avec les valeurs du luxe et de l'automobile en berne- et Francfort à -1,54%. Elles ont aussi plombé l'ouverture de Wall Street, où le Dow Jones perdait -0,63% vers 16H50 GMT.
Si la Commission européenne s'est refusée à tout commentaire, plusieurs pays ont vite fait entendre leur point de vue sur ces nouvelles menaces, qui "n'aident en rien" selon le ministre délégué au Commerce extérieur français.
"Nous (ndlr: l'UE) gardons la même ligne: la désescalade, mais sommes prêts à répondre", a aussi écrit Laurent Saint-Martin sur X.
Même son de cloche à Berlin où le chef de la diplomatie allemande Johann Wadephul a jugé que ce nouvel accès de fièvre douanière "ne faisait que nuire à l'économie des deux marchés".
En Irlande, deuxième exportateur de biens européens à destination des Etats-Unis, le Premier ministre Michael Martin a fait part de son "énorme déception".
- "Très optimiste" -
Les Etats-Unis exportent notamment vers l'UE des logiciels et des services de communications, là où l'Europe exporte en particulier des automobiles, des machines-outils et des équipements de transport, par exemple aérien.
Donald Trump s'en prend régulièrement à l'Europe depuis son retour à la Maison Blanche, l'estimant même "pire que la Chine" dans les relations commerciales.
Les Etats-Unis évaluent leur déficit avec l'UE pour les biens à 235 milliards de dollars en 2024, mais la Commission européenne pointe que l'excédent américain en termes de services ramène le déficit commercial à 50 milliards d'euros (environ 57 milliards de dollars).
"Le président (Trump) est frustré avec l'Europe", a jugé sur Bloomberg TV le ministre américain des Finances Scott Bessent, qui se dit néanmoins "très optimiste", en particulier sur le fait que le nouveau gouvernement allemand "va aider à faire avancer l'Europe sur ce sujet".
Dans plusieurs notes, des analystes ont décrit l'annonce du président américain comme une "tactique de négociation".
"Elle intervient alors que les négociations avec l'UE ont débuté mais semblent difficiles, les premiers éléments semblant montrer un mécontentement des Etats-Unis car l'Europe ne propose qu'une baisse mutuelle, et non unilatérale, des droits de douane et rien sur la taxation numérique", a ainsi pointé une note de Capital Economics.
Si néanmoins cette surtaxe devenait réalité, "cela pourrait entraîner une hausse de l'inflation de 0,5 point de pourcentage", a alerté Salomon Fiedler, analyste pour Berenberg.
- "Pas réaliste" -
Les droits de douane appliqués par les Etats-Unis aux produits européens s'élèvent actuellement à 12,5% en moyenne, 2,5% correspondant au niveau avant le retour de Donald Trump au pouvoir en janvier et 10% annoncés début avril.
La Maison Blanche avait initialement prévu de les taxer à hauteur de 20% mais a décidé une pause de 90 jours sur les droits de douane au-delà de 10%, afin de laisser le temps aux négociations. Cette pause devrait s'achever théoriquement début juillet.
Concernant Apple, son patron Tim Cook avait dit début mai s'attendre à ce que "la majorité des iPhone vendus aux Etats-Unis" pendant le trimestre en cours proviennent d'Inde, et non plus de Chine.
Insuffisant pour Donald Trump qui veut que les célèbres téléphones soient estampillés Made in USA.
Un projet qui "n'est pas réaliste", a jugé l'analyste de Wedbush Daniel Ives. D'autant qu'"il faudrait cinq à dix ans pour rapatrier la production".
Vers 16h50 GMT, le titre d'Apple chutait de 2,59% à Wall Street.
X.Boucher--SMC