
Le Kremlin repousse l'idée d'un sommet entre Zelensky, Poutine et Trump

Le Kremlin a écarté mercredi la proposition du président ukrainien Volodymyr Zelensky d'un sommet trilatéral avec ses homologues Vladimir Poutine et Donald Trump pour faire avancer les discussions de paix après plus de trois ans d'invasion russe.
"Une telle rencontre doit être le résultat d'accords concrets entre les deux délégations" russe et ukrainienne, a tranché le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, lors de son briefing quotidien auquel participait l'AFP.
Le président russe Vladimir Poutine avait déjà ignoré l'invitation de M. Zelensky à le rencontrer en Turquie à la mi-mai.
Volodymyr Zelensky a cette fois évoqué la possibilité d'un "format Trump-Poutine-moi" lors d'une conférence de presse sous embargo jusqu'à mercredi matin.
"Si Poutine n'est pas à l'aise avec une réunion bilatérale, ou si tout le monde souhaite une réunion trilatérale, cela ne me dérange pas", a-t-il ajouté.
M. Zelensky est arrivé à Berlin mercredi pour rencontrer le nouveau chancelier Friedrich Merz, un des soutiens les plus fermes de Kiev, au moment où Washington durcit le ton face à la poursuite des bombardements russes de l'Ukraine.
Les deux dirigeants doivent donner une conférence de presse vers 13H30 (11H30 GMT).
Le président américain avait déjà exprimé dans le passé sa frustration envers Vladimir Poutine et Volodymyr Zelensky, qu'il jugeait trop lents à trouver un accord pour mettre fin aux combats.
Mais cette fois, après avoir estimé dimanche, à la suite de nouveaux bombardements massifs de l'Ukraine, que Vladimir Poutine était "devenu complètement fou", Donald Trump s'est à nouveau agacé mardi à l'égard de son homologue russe.
"Ce que Vladimir Poutine ne réalise pas c'est que sans moi, la Russie subirait beaucoup de très mauvaises choses, et je veux dire, TRES MAUVAISES. Il joue avec le feu!", a-t-il écrit sur son réseau Truth Social.
- Vaste attaque de drones contre la Russie -
Pire conflit armé en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale, l'invasion russe de l'Ukraine a débuté en février 2022 et a déjà fait des dizaines, voire des centaines de milliers de morts.
La Russie, qui occupe environ 20% du territoire ukrainien, a subi dans la nuit de mardi à mercredi une des plus importantes attaques aériennes depuis le début de la guerre, impliquant près de 300 drones ukrainiens.
Cette attaque a notamment visé Moscou et perturbé le trafic de plusieurs aéroports, sans cependant causer de dégâts majeurs. Elle est survenue après des bombardements russes sans précédent de l'Ukraine, qui ont fait au moins 13 morts pendant le week-end.
Le ministère russe de la Défense a annoncé sur Telegram que sa défense anti-aérienne avait "détruit et intercepté 296 drones ukrainiens" entre 18H00 GMT mardi et 04H00 GMT mercredi.
Le président ukrainien a par ailleurs exhorté Washington à imposer de nouvelles sanctions contre la Russie, qui a rejeté jusqu'à présent l'idée d'un cessez-le-feu de 30 jours proposée par les Etats-Unis et soutenue par Kiev.
"Nous attendons des sanctions des Etats-Unis", surtout contre "le secteur énergétique et le système bancaire" russes, a déclaré M. Zelensky. Selon des médias américains, Donald Trump pourrait en annoncer dès cette semaine.
- 50.000 soldats russes -
Selon le président ukrainien, Kiev n'a pas encore reçu de Moscou le "mémorandum" évoqué la semaine dernière par la Russie et censé exposer les conditions russes pour un accord de paix durable.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a indiqué mercredi que la préparation de ce document en était "aux étapes finales".
Il a aussi affirmé qu'aucune décision n'avait été prise concernant le lieu des prochains pourparlers entre Kiev et Moscou.
L'émissaire spécial américain pour l'Ukraine, le général Keith Kellogg, a déclaré mardi qu'elles se tiendraient "probablement" à Genève.
Volodymyr Zelensky a par ailleurs affirmé que Moscou massait plus de 50.000 soldats près de la région ukrainienne de Soumy (nord-est), en vue d'une possible offensive contre ce territoire frontalier où Moscou dit vouloir créer "une zone tampon" pour prévenir des incursions de Kiev.
La Russie veut "repousser nos troupes de (sa) région de Koursk" située de l'autre côté de la frontière, "et préparer une offensive sur celle de Soumy", a-t-il expliqué, tout en assurant que les troupes ukrainiennes resteraient dans la région de Koursk.
L'armée ukrainienne avait lancé en août dernier une offensive surprise dans cette région russe, mais a perdu depuis la quasi-totalité du territoire qu'elle contrôlait.
Le ministère russe de la Défense a affirmé mercredi dans un communiqué que ses troupes s'étaient emparés du village de Kostiantynivka, collé à sa frontière dans la région de Soumy. Lundi, il avait déjà revendiqué la prise de deux villages dans la zone.
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W.Richard--SMC