
Un ministre israélien met la pression pour employer "toute la force nécessaire" à Gaza

Un ministre israélien d'extrême droite a appelé vendredi le gouvernement à employer "toute la force nécessaire" contre le Hamas après les réserves exprimées par ce dernier sur une nouvelle proposition américaine de trêve à Gaza, où toute la population du territoire palestinien est menacée de famine, selon l'ONU.
Les négociations sur un cessez-le-feu visant à mettre fin à près de 20 mois d'une guerre ayant dévasté la bande de Gaza n'ont pas encore abouti depuis la reprise des combats à la mi-mars, à l'initiative d'Israël, après une trêve de deux mois.
Vendredi, le ministre israélien de la Sécurité nationale, Itamar Ben Gvir (extrême droite), hostile à tout compromis depuis le début de la guerre déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, a appelé le gouvernement à employer "toute la force nécessaire" pour en finir avec le mouvement islamiste palestinien.
"Après que le Hamas a rejeté une nouvelle fois la proposition d'accord, il n'y a plus d'excuses (...) Il est temps d'y aller avec toute la force nécessaire, sans sourciller, pour détruire (...) le Hamas" dans la bande de Gaza, écrit sur sa chaîne Telegram M. Ben Gvir dans un message adressé à M. Netanyahu, alors que celui-ci était, selon son bureau, hospitalisé pour une "coloscopie de routine" s'étant déroulée "avec succès".
M. Ben Gvir fait référence à la nouvelle proposition américaine de trêve dans la bande de Gaza.
- "Endroit le plus affamé au monde" -
Jeudi soir, la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, avait annoncé que la proposition américaine de cessez-le-feu avait été approuvée par Israël. Il n'y a eu jusqu'ici aucune réaction officielle d'Israël.
Un peu plus tard dans la soirée, Bassem Naïm, l'un des dirigeants en exil du Hamas, avait déclaré à l'AFP que cette proposition ne répondait pas aux demandes du mouvement, dans la mesure où elle "signifie, en essence, la perpétuation de l'occupation, la poursuite des meurtres et de la famine".
Cette proposition "ne répond à aucune des demandes de notre peuple, notamment l'arrêt de la guerre et de la famine", avait-il souligné, ajoutant que le mouvement examinait la réponse à lui donner.
Un porte-parole du bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), Jens Laerke, a déclaré vendredi à Genève que Gaza était "l'endroit le plus affamé au monde", où "100% de la population est menacée de famine".
Sur le terrain, la Défense civile de Gaza a indiqué à l'AFP vers midi (09h00 GMT) que 22 personnes avaient été tuées vendredi dans des attaques israéliennes en différents endroits du territoire palestinien.
Des habitants ont pleuré devant les corps de leurs proches à l'hôpital Al-Chifa de la ville de Gaza, à la suite d'une attaque à Jabalia, dans le nord du territoire.
Des images de l'AFPTV ont montré de nombreux sacs mortuaires blancs posés sur le sol à l'extérieur de l'hôpital. "Il s'agissait de civils qui dormaient chez eux.
La maison a été détruite par les bombardements aveugles. Il n'y a pas de cessez-le-feu. Israël tue des civils", a lancé un habitant, Mahmoud al-Ghaf.
- Libérer les derniers otages -
Selon une source proche du Hamas, le mouvement déplore l'absence dans la proposition américaine de cessez-le-feu de garanties sur la poursuite des discussions pendant la trêve, en vue de parvenir à un cessez-le-feu permanent.
D'après deux sources proches des négociations, la nouvelle proposition américaine porte sur une trêve de 60 jours pouvant être étendue jusqu'à 70, et la remise par le Hamas, de 5 otages vivants et 9 morts en échange de la libération de prisonniers palestiniens au cours de la première semaine, et un deuxième échange sur le même nombre d'otages vivants et morts au cours de la deuxième semaine.
L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées par le Hamas ce jour-là, 57 sont toujours retenues dans la bande Gaza, dont au moins 34 sont mortes, selon les autorités israéliennes.
Plus de 54.249 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne militaire israélienne de représailles, selon des données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.
O.Gauthier--SMC