
Israël dit vouloir frapper "tous les sites du régime" iranien, au deuxième jour de son attaque

Israël a dit samedi vouloir frapper "tous les sites du régime" iranien, affirmant avoir la maîtrise du ciel sur l'ouest de l'Iran, au deuxième jour d'une attaque sans précédent contre la République islamique qui a promis une riposte "plus forte".
L'armée de l'air israélienne a poursuivi ses frappes contre plusieurs sites, ciblant notamment des systèmes de défense aériens dans la région de Téhéran et des dizaines de lanceurs de missiles. Objectif: démanteler les capacités militaires et nucléaires de son ennemi juré.
"Très bientôt vous verrez des avions israéliens (...) dans le ciel de Téhéran. Nous allons frapper tous les sites et les cibles du régime", a déclaré le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, qui a dit avoir le "soutien manifeste" du président américain Donald Trump. "Nous avons infligé un véritable coup à leur programme nucléaire", a-t-il ajouté.
Le représentant iranien à l'ONU, Amir Saeid Iravani, a fait état vendredi d'au moins 78 morts et plus de 320 blessés dont une "grande majorité de civils" dans l'attaque.
- "Téhéran brûlera" -
En riposte, l'Iran a tiré des missiles vers Israël, pour la plupart interceptés selon l'armée israélienne. Les Etats-Unis ont aidé à les abattre, d'après un responsable américain.
Mais des dégâts importants ont été recensés dans la région de Tel-Aviv (centre), où les secouristes ont fait état de trois morts et de dizaines de blessés.
Le président iranien Massoud Pezeshkian, dont le pays dément fabriquer l'arme nucléaire, a mis en garde samedi contre une riposte militaire "plus forte" de l'Iran si Israël poursuivait ses frappes.
"Je suis (...) abasourdi par ce qu'il s'est passé", dit Eliyahu Bachar, habitant de Ramat Gan, près de Tel-Aviv. "Nous avons entendu un énorme boum, nous savions que c'était quelque chose de grave", raconte Tal Friedlander, un autre habitant.
Le ministre israélien de la Défense, Israël Katz, a prévenu que "Téhéran brûlera" si l'Iran continuait à tirer des missiles.
Effie Defrin, porte-parole de l'armée israélienne, a indiqué samedi qu'Israël disposait désormais d'une "liberté d'action aérienne dans tout l'ouest de l'Iran, jusqu'à Téhéran".
Un chef de la police et cinq membres des Gardiens de la Révolution, l'armée idéologique de la République islamique, ont été tués samedi dans des frappes dans l'ouest et le centre du pays, selon des médias locaux.
Des médias iraniens ont fait état d'attaques sur Tabriz (nord-ouest) et sur des zones des provinces de Lorestan, Hamedan et Kermanshah (ouest), qui abritent des bases militaires.
Une attaque de drone israélien contre une raffinerie stratégique dans le sud de l'Iran a provoqué samedi une "puissante explosion", selon un agence iranienne.
- "Confiance en mon pays" -
"C'est normal que la guerre provoque du stress, mais je ne quitterai pas ma ville (…) On a vécu des épisodes similaires dans le passé et j'ai confiance en mon pays", confie Chokouh Razzazi, une femme au foyer de 31 ans, à Téhéran.
L'espace aérien de l'Iran est fermé jusqu'à nouvel ordre, a annoncé l'agence officielle IRNA. En Israël, le principal aéroport international, Ben Gourion, près de Tel-Aviv est aussi fermé.
Selon l'agence de presse iranienne Mehr, l'Iran a averti qu'il attaquerait dans la région des cibles de tout pays qui aiderait Israël à repousser les attaques iraniennes.
L'Iran est soupçonné par les Occidentaux et par Israël, considéré par des experts comme la seule puissance nucléaire au Moyen-Orient, de vouloir se doter de l'arme atomique. Téhéran dément et défend son droit à développer un programme nucléaire civil.
Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Iran disposait mi-mai de 408,6 kg d'uranium enrichi à 60%. Un tel stock, s'il était enrichi à 90%, le seuil nécessaire à la conception d'une bombe atomique, permettrait d'en fabriquer plus de neuf.
Allié d'Israël, le président américain Donald Trump avait appelé vendredi l'Iran à conclure un accord avec les Etats-Unis sur son programme nucléaire alors qu'un nouveau cycle de pourparlers indirects devait se tenir dimanche à Oman. Mais Mascate a annoncé samedi que ces discussions n'auraient pas lieu.
Malgré les appels internationaux à cesser les attaques, M. Netanyahu a averti qu'il y en aurait "plus à venir".
- Généraux et scientifiques tués -
Son armée a dit avoir "démantelé" une usine de conversion d'uranium à Ispahan (centre) et la base militaire de Tabriz.
L'Iran a qualifié de mineurs les dégâts à Ispahan et sur le site de Fordo, au sud de Téhéran.
L'AIEA, citant des informations des autorités iraniennes, a déclaré que le centre pilote d'enrichissement d'uranium de Natanz (centre) avait été "détruit" dans sa partie en surface.
"Israël peut endommager le programme nucléaire iranien, mais il est peu probable qu'il puisse le détruire", commente pour l'AFP le chercheur Ali Vaez, de l'International Crisis Group, un cercle de réflexion américain.
Les frappes israéliennes ont tué le chef des Gardiens de la Révolution, le général Hossein Salami, le commandant de la force aérospatiale des Gardiens, Amirali Hajizadeh, et le chef d'état-major, le général Mohammad Bagheri, ainsi que d'autres responsables et généraux iraniens, selon Téhéran. Neuf scientifiques du programme nucléaire iranien ont aussi péri.
En octobre 2024, Israël avait mené des frappes sur des cibles militaires en représailles au tir de quelque 200 missiles iraniens vers son territoire. L'Iran ripostait aux assassinats de deux dirigeants palestinien et libanais pro-iraniens.
Selon l'analyste israélien Michael Horowitz, "Israël a depuis longtemps infiltré plusieurs échelons de l'appareil sécuritaire iranien et profite aussi de l'extrême impopularité du régime qui offre énormément d'opportunités au Mossad", le service de renseignement israélien.
Face à l'escalade militaire, plusieurs compagnies aériennes ont supprimé ou dérouté des vols et les cours du brut ont flambé.
F.T. Michaud--SMC