
Victoire surprise du jeune Mamdani à la primaire démocrate à New York

Le candidat de l'aile gauche du Parti démocrate, Zohran Mamdani, arrive en tête mercredi de la primaire pour l'élection à la mairie de New York, créant la surprise contre le favori Andrew Cuomo après une campagne contre la vie chère et la promesse de taxer les hauts revenus.
Le trentenaire encore quasiment inconnu il y a quelques mois, qui se revendique "progressiste et musulman", a rattrapé jusqu'à 30 points de retard dans les sondages sur l'ancien gouverneur Andrew Cuomo, un centriste.
"Nous avons marqué l'histoire", a lancé à ses supporters Zohran Mamdani à ses partisans dans son fief du Queens, district populaire de la métropole américaine, un bastion démocrate d'environ 8,4 millions d'habitants.
Ce résultat choc intervient alors que Donald Trump s'en prend régulièrement aux grandes villes, dirigées selon lui par des "démocrates d'extrême gauche".
"C'est enfin arrivé, les démocrates ont franchi la ligne. Zohran Mamdani est complétement un fou communiste (...) j'ai vu bien des gauchistes radicaux par le passé, mais ce dernier est un peu plus ridicule que les autres", a-t-il écrit sur sa plateforme Truth Social.
Mercredi, avec près de 95% de bulletins dépouillés, Zohran Mamdani menait la course avec plus de 43% des voix, contre 36% pour M. Cuomo, dans cette élection au mode de scrutin complexe, où les électeurs étaient appelés à classer cinq candidats par ordre de préférence.
Comme aucun candidat ne dépasse les 50% des voix, le dépouillement se poursuivra dans une semaine pour comptabiliser les 2e, 3e choix et suivants jusqu'à désigner un vainqueur.
Mais l'avantage de Zohran Mamdani semble quasi insurmontable, car le troisième dans la course, Brad Lander (11%), avait appelé ses électeurs à le choisir comme deuxième choix. Si sa victoire est confirmée, Zohran Mamdani, 33 ans et né en Ouganda, partira en pole position pour l'élection municipale de novembre dans la première ville américaine.
- "Campagne impressionnante"
Fils de l'historien de renom Mahmoud Mamdani, auteur de l'ouvrage "Saviors and survivors" sur la guerre au Darfour, et de la réalisatrice indo-américaine Mira Nair, connue pour "Salaam Bombay", Zohran Mamdani avait été soutenu par des figures de gauche comme Bernie Sanders et Alexandria Ocasio-Cortez.
Et il a suscité l'enthousiasme d'une armée de jeunes bénévoles sur le terrain pour amplifier ses promesses contre la vie chère, dont la gratuité des bus, des crèches et le gel des loyers régulés, des mesures qu'il compte financer par une taxation sur les plus hauts revenus.
"Vous avez affronté l'establishment politique, économique et médiatique, et vous l'avez battu", a déclaré M. Sanders.
"Les milliardaires et les lobbyistes ont déversé des millions contre vous et contre notre système de finances publiques. Et vous avez gagné", a déclaré Mme Ocasio-Cortez, une flèche lancée en direction d'Andrew Cuomo, qui avait notamment reçu le soutien du milliardaire et ex-maire de New York Michael Bloomberg.
L'ancien président Bill Clinton et des ténors démocrates de New York comme Chuck Schumer et Hakeem Jeffries ont salué "la campagne impressionnante" de Zohran Mamdani, même s'ils n'ont pas appelé à voter pour lui.
- Les flèches à droite -
Cette primaire avait des airs de référendum sur la personnalité démocrate qui pourra tenir tête à Donald Trump, président républicain dont le gouvernement multiplie les arrestations de migrants dans les grandes villes et dont des proches tiraient mercredi à boulets rouges sur le jeune démocrate de gauche.
"Les démocrates changent la politique en changeant les électeurs", a renchéri Stephen Miller, l'architecte de la politique antimigrants de Donald Trump, accusant "l'immigration incontrôlée" d'avoir "profondément transformé l'électorat new-yorkais" au profit de Zohran Mamdani.
"Zohran Mamdani est trop extrême pour une ville déjà à fleur de peau," a réagi Curtis Sliwa, le candidat républicain pour être maire de New York en novembre.
New York mérite "un maire fier de se présenter en fonction de son bilan, et non (...) un maire qui n'a aucun bilan", a lancé pour sa part le maire sortant Eric Adams, qui souffre d'un déficit d'image, accusé de se compromettre avec l'administration Trump en échange de l'enterrement de poursuites pour corruption.
X.Boucher--SMC