
Israël et le Hamas inflexibles, Washington presse pour un cessez-le-feu à Gaza

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré avoir axé ses discussions avec Donald Trump sur la volonté d'Israël d'éliminer le Hamas, leitmotiv répété depuis 21 mois, tandis que des sources palestiniennes déplorent une impasse des négociations en vue d'une trêve à Gaza.
Ces pourparlers indirects entre Israël et le mouvement islamiste palestinien se sont poursuivis mercredi pour le quatrième jour consécutif à Doha.
L'envoyé spécial du président américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, avait dit mardi espérer un accord "d'ici à la fin de la semaine" sur une trêve de 60 jours accompagnée d'une libération d'otages mais le Qatar, l'un des trois pays médiateurs, avait estimé que les discussions allaient "prendre du temps".
Selon un responsable palestinien proche des négociations, la délégation israélienne refuse "d'accepter la libre circulation de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza" et de retirer ses soldats de zones où ils sont installés depuis mars.
"Il y a eu un échange de points de vue mais aucune avancée", a-t-elle ajouté.
De précédentes négociations avaient fini par s'enliser, Israël et le Hamas se rejetant mutuellement la responsabilité de cet échec.
Dans un message publié après sa deuxième rencontre en 24 heures avec Donald Trump, mardi à Washington, Benjamin Netanyahu a réaffirmé les objectifs d'Israël: "La libération de tous nos otages, les vivants et les morts, et l'élimination des capacités militaires et gouvernementales du Hamas, garantissant ainsi que Gaza ne constituera plus jamais une menace pour Israël".
"Nous nous sommes concentrés sur les efforts visant à libérer nos otages", a-t-il ajouté, alors qu'il est critiqué dans son pays pour son manque de résultats sur cette question.
Un responsable du Hamas, Izzat al-Risheq, avait dit mardi que M. Netanyahu n'était pas en phase avec "la réalité". "Gaza ne se rendra pas... et c'est la résistance qui imposera les conditions", a affirmé ce responsable qui n'est pas membre de l'équipe de négociation.
- Efforts diplomatiques -
Le projet d'accord prévoit le retour de 10 otages vivants détenus par des groupes armés palestiniens depuis l'attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 ainsi que de neuf otages décédés, selon M. Witkoff.
Sur 251 personnes enlevées lors de l'attaque du Hamas, qui a déclenché la guerre, 49 sont toujours retenues à Gaza, dont 27 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.
Donald Trump a intensifié la pression sur Benjamin Netanyahu pour qu'il parvienne à un accord qui pourrait mettre fin à la guerre. "C'est une tragédie. Et je veux trouver une solution, il veut trouver une solution et je pense que l'autre partie (le Hamas) le veut aussi", a-t-il déclaré mardi.
Mais les points de blocage subsistent.
Lundi soir, M. Netanyahu a affirmé qu'Israël conserverait "toujours" le contrôle de la sécurité à Gaza.
Le Hamas a insisté à de nombreuses reprises sur le fait qu'il exigeait le retrait israélien du territoire palestinien, des garanties sur la poursuite du cessez-le-feu et sur une reprise en main de l'aide humanitaire par l'ONU et des organisations internationales reconnues.
- "Tremblement de terre" -
Sur le terrain, la Défense civile de Gaza a déclaré mercredi que 20 personnes avaient été tuées dans deux frappes aériennes israéliennes.
Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne a déclaré examiner ces informations.
"L'explosion a été énorme, comme un tremblement de terre", a dit au téléphone à l'AFP Zouhair Joudeh, 40 ans, un habitant du camp de réfugiés d'al-Chati, où dix personnes ont été tuées, dont six enfants, selon les secouristes.
"Les corps et les restes des martyrs ont été éparpillés", a-t-il ajouté.
Plusieurs enfants blessés ont été conduits à l'hôpital Nasser de Khan Younès après une frappe dans le sud de Gaza, à al-Mawasi.
Compte tenu des restrictions imposées aux médias par Israël dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans et affirmations des différentes parties.
L'attaque du 7 octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.
Dans la bande de Gaza, au moins 57.680 Palestiniens, majoritairement des civils, ont été tués dans la campagne militaire de représailles israéliennes, selon des données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.
T. MacDonald--SMC