
Tour d'Italie: Pedersen puissance quatre, Del Toro toujours en rose

"C'est un monstre !" Surpuissant dans le mur final du Monte Berico, Mads Pedersen a signé sa quatrième victoire en treize étapes du Tour d'Italie vendredi à Vicence, où le Mexicain Isaac del Toro a conforté de quelques secondes son maillot rose de leader.
Dans un final à couper le souffle entre deux des meilleurs coureurs de classiques du monde, le coureur de Lidl-Trek s'est imposé devant le Belge Wout Van Aert à l'issue d'un sprint en côte amenant au pied du Sanctuaire de Notre-Dame.
Le Danois a lancé aux 200 mètres, dans les pourcentages les plus sévères du Monte Berico (1.200 m à 7%), avant de résister au retour de Van Aert et, un peu plus loin, d'un Del Toro toujours aussi pétillant.
"Je me suis fié à mon instinct. J'ai lancé un peu plus tôt que prévu mais sur une partie aussi raide, ce n'est pas forcément une mauvaise idée car tout le monde a les cuisses qui brûlent", a raconté le bison scandinave.
C'est, à 29 ans, sa 54e victoire, la huitième cette saison où on l'aura vu à l'avant partout, sur les classiques et même dans les cols de Paris-Nice.
A ce rythme, pourquoi ne pas faire comme Tadej Pogacar l'an dernier et repartir avec six victoires d'étape ? "On verra. Le chemin jusqu'à Rome est encore long. Là, je suis déjà content de gagner et d'ajouter 50 points au classement du maillot cyclamen", a-t-il commenté.
Reste que le champion du monde 2019 a clairement pris une dimension supplémentaire cette année. "Je ne sais pas si je fais partie des cinq meilleurs coureurs du monde mais j'essaie d'être dans les cinq meilleurs dans mon registre. J'ai beaucoup travaillé cet hiver et ça paye", a-t-il dit.
- "Une bière fraîche à la main" -
Ses coéquipiers étaient admiratifs.
"Quel numéro encore. J'ai essayé de l'aider, mais il n'avait pas besoin de moi. Il marche sur l'eau", a rapporté Giulio Ciccone.
"C'est un monstre. On a annexé le Giro!", a abondé Mathias Vacek, qui a suivi une attaque audacieuse de Romain Bardet à neuf kilomètres de l'arrivée avant que les deux hommes ne se fassent rattraper dans le mur final.
Pour Pedersen, cette razzia en Italie adoucit la déception de ne pas avoir été sélectionné cet hiver pour le prochain Tour de France.
"Au final, la déception n'a pas été si grande. Bien sûr j'aurais aimé aller lutter pour le maillot vert, mais je comprends qu'il y a d'autres coureurs que moi dans l'équipe. Et c'est logique, vu le parcours, que +Johnny+ (Jonathan Milan) y aille. Je me suis vite projeté sur le Giro. Et cet été je vais profiter de mes vacances en regardant le Tour à la télé avec une bière fraîche à la main."
Isaac Del Toro a aussi passé "une bonne journée", terminant troisième de l'étape pour conforter de quelques secondes son maillot rose grâce aux bonifications et une petite cassure dans les derniers mètres.
Au classement général, le jeune Mexicain d'UAE compte désormais 38 secondes d'avance sur son coéquipier espagnol Juan Ayuso et 1:18 sur l'Italien Antonio Tiberi.
Alors que course va se décider la troisième semaine en montagne, le suspense reste entier. Jusqu'où peut aller le Mexicain de 21 ans dans une équipe dont Ayuso est censé être le leader mais se plaint du genou ?
"Gagner le Giro ? Pourquoi pas ? Si moi je ne crois pas en moi, qui le fera ?", a souligné Del Toro qui reste très prudent dans ses déclarations sans pour autant cacher son envie de gloire.
L.Pelletier--SMC