
C1: après la victoire du PSG, les Marseillais se consolent d'être "à jamais les premiers"

A Marseille, même "dégoutés" par la victoire du rival honni parisien en Ligue des champions (5-0), les fans de foot reconnaissent que le PSG a "mérité" le trophée... que l'OM a gagné il y a 32 ans.
"J'ai pas les mots... 4-0, c'est incontestable. On ne peut rien dire. Fallait s'y attendre, c'est le jeu. Mais on restera à jamais les premiers!", se console Fabien Chabord, gérant du mythique Bar de la Plaine, au milieu du quartier branché du même nom qui vibre régulièrement de la passion de la ville pour le football. Oubliant même le 5e marqué par les Parisiens en fin de match.
Comme lui, nombreux sont les supporteurs marseillais, qui depuis de longues années entretiennent une vive rivalité avec le club de la capitale, à rappeler que leur club restera historiquement le premier à avoir décroché la reine des coupes d'Europe, en 1993 (victoire 1-0 contre le Milan AC).
"L'étoile sur le maillot, on est les premiers à l'avoir eue, et ça, personne ne nous l'enlèvera", s'enorgueillit Walid, maillot de l'OM sur le dos et arrivé longtemps avant le coup d'envoi pour réserver une table en face des écrans.
"On a le souffle coupé. On sait pas quoi dire... Il n'y a que Jul qui peut consoler le peuple marseillais", estime l'air dépité son ami Benoît.
"C'est pas les Parisiens qui l'ont gagné, c'est le Qatar!", enrage leur voisin Samir.
Partout dans la ville, un néophyte aurait pu penser que le match du soir opposait le club local à l'Inter Milan, tant les maillots des deux clubs étaient omniprésents. Cependant, si plusieurs bars avaient installé des écrans sur leur terrasse pour suivre la rencontre, ces derniers n'étaient pas aussi nombreux que lors de matches où la rivalité -voire l'animosité- contre une équipe est moins marquée (Coupe du monde, Euro). Ou bien sûr lors de soirées où l'OM joue...
- "Mal dormir pendant 3 mois" -
Sur la place de la Plaine, fief des "Marseille trop puissant", club de supporters aux 3.700 membres, plusieurs centaines de spectateurs ont suivi la rencontre sur l'une des nombreuses terrasses. Plusieurs serveurs et serveuses arboraient un maillot de l'Olympique ou... de l'Inter.
Si les Parisiens ont été copieusement sifflés lors de la présentation des équipes et les intéristes applaudis à chacune de leur (rare) action, un calme plat a envahi les lieux après la très rapide ouverture du score d'Achraf Hakimi.
Puis, quelques minutes plus tard pour le deuxième but marqué par Désiré Doué, la foule laisse retentir un grand "noooooooon!". Au troisième but, des insultes homophobes fusent à l'adresse des Parisiens.
Au quatrième, le gérant du bar... coupe carrément le son du match, remplacé par une playlist de rappeurs marseillais.
"Je suis dégoûté mais je m'y attendais tellement parce que l'Inter n'est pas si bon que ça. Ça me fait chier de le dire mais Paris le mérite: ils ont sorti les meilleures équipes", avoue Théo Lamour, 30 ans, pourtant fervent supporteur du peuple "Bleu et blanc".
"Cette année c'était écrit, ils allaient tout rafler. Ça fait 10 ans qu'ils essaient. Le seul truc qui me fait plaisir c'est qu'ils l'ont gagné quand Mbappé est parti. Mais je vais quand même mal dormir pendant 3 mois...", ajoute-t-il.
Même analyse de la part d'Eléonore Bianchi, 36 ans, maillot de l'Inter sur le dos, dont le coeur balance entre les Italiens et l'OM et pour qui il est "hors de question de soutenir le PSG".
"Si je suis honnête, on a très mal joué: on n'était pas présent en attaque et peu en défense. J'ai le seum de dire ça mais ils l'ont méri...", lâche la jeune femme avant de se raviser. "On a mal joué plutôt", sourit-elle.
Pour Serguei Verseil, 38 ans, "ils le méritent bien sûr, l'Inter touche pas le ballon. C'est dur... Mais on restera à jamais les premiers. Et l'année prochaine, on la gagne nous!", glisse-t-il en riant. Sans vraiment y croire...
L.Pelletier--SMC