
L'actrice Nadia Melliti, jeune inconnue sacrée à Cannes pour "La petite dernière"

Prix d'interprétation féminine à Cannes pour son premier rôle au cinéma, dans "La petite dernière" d'Hafsia Herzi, l'actrice française Nadia Melliti, 23 ans, a été repérée à l'occasion d'un casting sauvage et "aimerai(t) bien" continuer à tourner dans des films.
Dans le troisième long-métrage de la réalisatrice française, adapté du roman d'inspiration autobiographique de Fatima Daas publié en 2020, elle incarne Fatima, une jeune femme musulmane qui découvre son homosexualité.
Son interprète, étudiante dans une filière sportive, n'avait, avant d'être abordée dans la rue par une directrice de casting, jamais fait de cinéma ni de théâtre.
"Au départ, c'était assez drôle parce que je pensais que c'était une touriste. Du coup, je me suis demandé si mon anglais était à jour. Et finalement, elle (la directrice de casting, NDLR) m'a fait part des enjeux de ce qu'elle recherchait en termes de personnage et d'histoire. Très vite, j'ai accroché et j'ai voulu m'embarquer dans ce film", a-t-elle raconté à l'AFP.
"Très vite, j'ai reçu la photo de Nadia, j'ai (eu) un coup de coeur (...) très vite, à son regard, c'était une évidence", a aussi confié à l'AFP Hafsia Herzi, 38 ans, qui a d'abord été connue comme actrice avant de se lancer dans la réalisation.
De nature "curieuse" et "aimant apprendre de nouvelles choses", Nadia Melliti confie ne pas avoir eu peur de se lancer dans le cinéma: "Au départ, je n'y croyais pas trop, je pensais que c'était une blague. Mais finalement, j'ai adoré cette expérience et ça a été super", souligne-t-elle.
Le parcours de Fatima, 17 ans, issue d'un milieu modeste et musulmane pratiquante, dont on suit sur un an l'éveil à la sexualité avec d'autres femmes, l'entrée à l'université à Paris mais aussi la découverte de sa vie nocturne, a fait écho chez la jeune femme, dont la silhouette androgyne irradie le film.
- Emancipation par le foot -
Vêtements amples et sombres, casquette vissée sur la tête, le personnage se voit reprocher son manque de féminité mais aussi son peu d'intérêt pour les tâches ménagères.
Quand ses deux soeurs cuisinent avec leur mère dont elles semblent destinées à reproduire le modèle de femme dévouée, Fatima va courir ou taquiner un ballon de foot.
Nadia Melliti, elle, a déjà occupé tous les postes sur un terrain de football, sauf celui de gardien. Elle a même joué un temps dans une équipe de deuxième division et continue de faire du foot.
Quand "j'ai lu le livre, j'ai tout de suite accroché avec l'histoire parce qu'elle m'a profondément touchée. Cette quête d'émancipation aussi. Je m'identifiais beaucoup à elle (...) en raison de son entourage et de son origine sociale", a-t-elle relaté.
"Ma mère est issue de l'immigration, je suis d'origine algérienne. J'ai également des soeurs. Et puis même à travers (les) études, puisque je suis passée du lycée à la faculté, donc cette émancipation intellectuelle, je l'ai vécue" aussi, a ajouté l'actrice.
C'est également par le sport que l'étudiante a vécu sa propre émancipation: "Quand j'étais jeune, j'ai voulu faire du foot (...), un sport dit masculin et surreprésenté chez les hommes".
A la question de savoir si elle souhaite continuer à tourner dans des films: "J'aimerais bien", répond-t-elle, conquise par cette première expérience devant la caméra d'Hafsia Herzi, dont le long-métrage sort en salles le 1er octobre.
"J'aime bien le fait de prendre des distances vis-à-vis d'un personnage qu'on incarne et, en même temps, de le représenter le plus fidèlement possible", conclut Nadia Melliti.
"Elle s'est abandonnée complètement au personnage, c'est plus que mérité", a commenté Hafsia Herzi après que son actrice a été honorée du Prix d'interprétation féminine.
W.Fortin--SMC